Entretien avec Mohamed Zoghlami à l’occasion du WASS

Entretien avec Mohamed Zoghlami à l’occasion du WASS

Mohamed ZOGHLAMI est Directeur Général d’Axismed, Consultant International en Stratégie & Développement, Co-fondateur d’Afric’Up & d’Africa in Colors, Vice-Président de CREATEC (Association tunisienne des industries créatives numériques) et Président d’Honneur du CAVIE (Centre Africain de Veille et d’Intelligence Economique). Il a travaillé plusieurs années dans les Institutions européennes, chargé des relations euro-méditerranéennes, ainsi que des questions économiques et industrielles. Il a dirigé Externans International, un cabinet de consultants spécialisé dans le développement et la coopération avec les pays émergents, notamment en Méditerranée et en Afrique. Expert dans le conseil en développement & stratégie des entreprises à l’international, il a été porteur de nombreux projets et investissements au Maghreb & en Afrique. Il est également co-fondateur d’Afric’Up, le premier sommet africain des startups, d’Africa in Colors, plateforme digitale et premier événement africain dédié aux industries créatives numériques qui se déroule au Rwanda, et de l’unique Living Africain & Arabe dans les industries créatives DigiArt en Tunisie. Mohamed ZOGHLAMI est expert industries créatives numériques pour le Sommet Africa 2020 organisé en France sur les cultures africaines. 

Africa Mutandi : Le World Africa Startups Summit (WASS), dans lequel vous intervenez, est l’occasion de vous demander : comment articulez-vous votre vision et vos activités avec la réalisation des Objectifs de Développement Durable en & pour l’Afrique ?

Mohamed ZOGHLAMI : Avec cette pandémie qui a plongé le monde dans une crise sans précédent et dans la sidération totale, on commence à découvrir que la vie peut être vécue différemment. Cette crise contribuera certainement à rebattre les cartes de notre monde et elle nous impose à nous remettre en question. Cette nouvelle normalité va-t-elle augmenter le sentiment d’appartenance et obliger les gens à penser différemment ? Alors pourquoi ne pas rêver en Afrique d’une économie plus durable et inclusive, pourquoi ne pas s’interroger sur le rôle de l’économie sociale et solidaire dans les transitions que va vivre le continent, et notamment la transformation digitale et la mise en place de la ZLECA. Pour s’en sortir, les États africains doivent bâtir des économies capables de générer une croissance inclusive et résiliente, tout en respectant la liberté et la dignité. Cette forme de croissance se réalise dans des chaînes de valeur qui se créent par la transformation des ressources locales, soutenues par des investissements en infrastructures physiques et institutionnelles, par un changement de paradigme, ou il faudra tenir compte des problèmes environnementaux, climatiques, sociaux tout en repensant l’éducation et la formation. Et le WASS nous donne cette opportunité d’aborder ces thématiques, de redéfinir un modèle de développement autour du numérique et des ODD.

Comment le Covid-19 vous a-t ’il obligé à vous renouveler dans la mise en œuvre de votre approche des ODD en Afrique ?

Par mes actions dans la formation, avec l’École Netinfo à Tunis – seule école d’Afrique francophone à préparer aux métiers créatifs et du futur tels ceux de l’industrie 4.0 – , par mes engagements vis-à-vis de la jeunesse et des femmes dans l’accompagnent vers l’employabilité et l’entrepreneuriat avec Afric’Up et Africa in Colors, le Covid-19 nous a conduit à nous réinventer, à commencer par les process et les méthodologies d’apprentissages, à nous adapter rapidement aux besoins, notamment en développant un contenu en adéquation avec le e-learning et le mobile learning, à assurer l’accès de tous à une éducation, une formation de qualité, sur un pied d’égalité malgré les contraintes techniques, et à développer des solutions virtuelles pour manager, conseiller nos startups à distance toujours avec ce souci d’égalité et d’impact social. Toutes nos réflexions étant axées sur quelle formation numérique mettre en place pour l’Afrique de demain, comment préparer nos jeunes à cette transformation digitale, aux défis liés à la 4eme révolution industrielle, comment allier progrès social et prospérité partagée pour tous, comment inspirer les jeunes, notamment les entrepreneurs en devenir, et comment les doter de compétences technologiques, les soft skill, qui seront nécessaires à l’avenir ? Nous nous devions de proposer, de concevoir une approche méthodologique de l’éducation et de la formation différente distanciée, ancrée dans nos traditions, nos cultures, et riche de notre diversité.

Quelle valeur à l’ODD17 dans votre approche business en Afrique ?

Sans le numérique, aucun des 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies ne pourrait être atteint. Sur le continent africain, il est crucial de veiller à ce que la première ressource de l’Afrique, la jeunesse, puisse s’adapter véritablement et efficacement à cette transformation digitale qui redéfinit les compétences d’avenir, notamment autour des technologies 3D, VR, AR, gaming, design architectural… Nos formations ont un impact social, au service de ceux qui en ont le plus besoin, et respectent l’égalité des genres, garantissent des opportunités accessibles à tous et préparent à des formations tout au long de la vie à l’ère digitale. Nous nous efforçons d’améliorer l’employabilité, et offrons de nouvelles opportunités à des jeunes dans les zones rurales et éloignées grâce à nos formations numériques innovantes et à nos supports d’apprentissage orientés vers la demande des entreprises. Nos formations sont axées sur l’emploi (nous formons pour un métier, non pour un diplôme), orientées sur les enjeux africains en termes de leadership et développement personnel, d’entrepreneuriat, de parcours professionnels, d’employabilité, et de renforcement des compétences. Nous avons en plus de 10 ans, formé plus de 15 000 jeunes à Netinfo Tunis, avec un taux d’employabilité de 95%, et des jeunes venant de plus de 15 pays Sub-africains, développant un écosystème avec la création et l’implantation de nombreux studios et startups. C’est cette expérience, ce savoir-faire que nous souhaitons partager lors du WASS.

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