Exploitation Minière, Développement Durable, RSE et Transition Energétique à la croisée des chemins vers l’Avenir, l’analyse experte d’Elvis Ossindji, ancien ministre des mines du Gabon

Exploitation Minière, Développement Durable, RSE et Transition Energétique à la croisée des chemins vers l’Avenir, l’analyse experte d’Elvis Ossindji, ancien ministre des mines du Gabon

Dans une tribune experte, et en amont du Sommet des Mines Africaines de Paris (3 et 4 juillet), Elvis Ossindji, ancien ministre des mines du Gabon, partage sa vision experte sur les enjeux du secteur minier en Afrique.

Exploitation Minière, Développement Durable, RSE et Transition Energétique à la croisée des chemins vers l’Avenir

La transition énergétique, un mouvement mondial visant à remplacer progressivement les combustibles fossiles par des sources d’énergie renouvelables partout où cela est économiquement possible, est au cœur des préoccupations actuelles. Cette transition est inextricablement liée à l’exploitation minière, au développement durable et à la responsabilité sociale des entreprises (RSE). La nécessité d’une approche holistique dans la réalisation de la transition énergétique façonne notre approche de l’environnement et de l’économie mondiale. Un regard sur l’histoire et les initiatives actuelles de ces domaines révèle leur interdépendance et ouvre la voie à un avenir plus durablement viable et vivable.

Développement Durable et Exploitation Minière
Pour rappel, le concept de développement durable, popularisé lors du Sommet de la Terre de 1992, vise à harmoniser la croissance économique, la protection de l’environnement et l’équité sociale. Face à ces défis, le développement durable devient un impératif dans le secteur minier. Cela implique des pratiques d’extraction respectueuses de l’environnement, la restauration des sites miniers, et la réduction de l’impact sur les communautés locales. L’exploitation minière, pilier de la Révolution industrielle, se trouve ainsi à un point critique. La nécessité de matériaux pour la transition énergétique doit être équilibrée avec la préservation de l’ environnement. Des organismes comme l’ICMM et des projets comme la mine de lithium de Greenbushes en Australie montrent une évolution vers des méthodes d’extraction plus respectueuses. La restauration des sites miniers et la réduction des impacts sur les communautés locales deviennent des pratiques standards.

Exploitation Minière et Transition Énergétique
Historiquement, la crise énergétique des années 1970 a été un tournant, révélant les limites des combustibles fossiles et stimulant l’intérêt pour les énergies alternatives. L’Accord de Paris de 2015 a marqué un engagement international renouvelé vers les énergies renouvelables. Des projets comme le parc éolien offshore de Hornsea illustrent cette transition, tandis que l’essor des véhicules électriques et des technologies de stockage d’énergie renouvelable souligne l’importance croissante des matériaux tels que le lithium et le cobalt.

Historiquement perçu comme une source majeure de pollution, le secteur minier connaît une transformation significative, motivée par l’impératif de la transition énergétique. Cette dernière repose en grande partie sur l’extraction de minerais essentiels, tels que le silicium, le cuivre, le cadmium, l’indium et le gallium (composants électroniques), les terres rares (aimants permanents pour moteurs électriques) ainsi que le lithium, le cobalt et le nickel, (production de batteries), qui représentent autant de défis environnementaux. Ce virage vers des pratiques d’extraction plus respectueuses de l’environnement reflète une prise de conscience croissante de la nécessité d’allier progrès technologique et préservation écologique

La RSE au Centre des Chemins du Futur
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) joue un rôle central dans ce processus. Longtemps considérée comme une philanthropie d’entreprise, la RSE est devenue progressivement un élément essentiel de la stratégie d’entreprise. Peut également participer au développement des communautés locales à travers la mise en place de plan de développement en lien avec la politique de décentralisation des gouvernements ; peu à peu, le modèle Economique de l’Etat centrale laisse place à une Economie plus décentralisée avec comme corollaire une autonomie progressive de ces localités.

Les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU représentent un cadre global pour atteindre cet équilibre. Les entreprises, les gouvernements et la société civile travaillent ensemble pour atteindre ces objectifs, reconnaissant que la durabilité est essentielle à la prospérité à long terme. Aussi, les entreprises engagées dans la RSE adoptent des pratiques éthiques, prennent en compte l’impact environnemental et social de leurs opérations et travaillent vers une plus grande transparence et responsabilité. Dans le contexte de la transition énergétique, cela signifie investir dans des technologies propres, soutenir les communautés affectées par l’exploitation minière, et promouvoir l’équité dans la chaîne d’approvisionnement.

L’Afrique, avec ses ressources naturelles abondantes et ses défis de développement uniques, offre une perspective distinctive sur ces questions globales.

L’Afrique, dotée d’une richesse considérable en ressources énergétiques, se heurte pourtant à des défis majeurs en matière d’accès à une énergie propre et fiable. Des initiatives ambitieuses telles que le programme « Africa Renewable Energy Initiative » ambitionnent d’accroître substantiellement la production d’énergies renouvelables sur le continent. Des exemples emblématiques, à l’instar de la centrale solaire de Noor au Maroc, l’une des plus vastes installations de ce type au monde, démontrent la volonté de capitaliser sur les énergies renouvelables : dans cette brochette de pays on compte aussi la Namibie, l’Afrique du Sud, le Sénégal et l’Algérie.

Cependant, ces avancées restent inégalement réparties à travers les nations africaines, malgré une abondance de ressources énergétiques exploitables. Face à une telle diversité géographique et climatique, l’Afrique offre un terrain propice à une variété de projets énergétiques – des parcs éoliens aux barrages hydroélectriques, en passant par les centrales nucléaires et les installations photovoltaïques. Ces dernières, en particulier, gagnent en popularité comme alternatives viables à l’exploitation de l’énergie fossile, illustrant ainsi le potentiel immense et encore sous-exploité du continent dans le domaine de l’énergie renouvelable.

L’Afrique est un acteur majeur dans le secteur minier, avec d’importantes réserves de minéraux clés pour la transition énergétique. Cependant, l’exploitation minière doit être équilibrée avec des considérations environnementales et sociales. Des initiatives comme le “African Mining Vision” adoptée par l’Union Africaine visent à une exploitation minière qui bénéficie au développement économique et social des pays africains tout en minimisant l’impact environnemental.

D’autres initiatives telles que l’Écologie Industrielle, concept développé durant les années 90’ par Suren Erkmanen, biologiste suisse, montrent comment les industries peuvent collaborer pour réduire leur impact environnemental. En Europe, la Directive sur le Reporting de Durabilité des Entreprises (CSRD) représente une avancée significative dans la régulation de la durabilité et de la responsabilité sociale des entreprises. Plus près de chez nous au Gabon, une démarche plus contenue et embryonnaire comme le « Minier Responsable » peut inspirer plus d’un Etat pour une exploitation optimale des ressources et intégration des populations dites locales, et c’est justement là l’intérêt des coopérations internationales : avoir les meilleures pratiques mondiales adaptées aux réalités de chaque pays et de chaque communauté.

Conclusion
L’intégration du contexte africain dans le débat mondial sur la transition énergétique, l’exploitation minière, le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (RSE) apporte une perspective enrichissante et essentielle. L’Afrique, avec ses défis spécifiques et ses opportunités uniques, occupe une place centrale dans l’élaboration de stratégies durables. Son expérience met en lumière la nécessité d’adopter des approches adaptées aux réalités locales pour atteindre les objectifs de développement durable.

La transition énergétique ne se résume pas à un simple changement de sources d’énergie ; elle représente un réseau complexe d’interactions entre l’exploitation minière, le développement durable et la RSE. La création d’une synergie entre ces différents domaines est capitale pour assurer une transition réussie vers un avenir énergétique plus durable. En prenant conscience de ces liens intrinsèques et en agissant en conséquence, nous pouvons avancer vers un futur plus respectueux de l’environnement et plus équitable pour tous. Cela est d’autant plus crucial dans le contexte actuel de dérèglement et de réchauffement climatiques, où les effets dépassent souvent les prévisions ; dans un monde qui connait une croissance continue de la population et où les modèles de consommation sont à l’opposé de la sobriété.

Ces facteurs exacerbent les problèmes tels que la sécheresse, les catastrophes naturelles, et mènent inévitablement à des phénomènes tels que l’immigration climatique, soulignant l’urgence d’agir de manière proactive et réfléchie pour un avenir meilleur.”

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