L’Interview de Patrice Ebah, Coordinateur du réseau Activité Minière Responsable et Développement Durable à l’IRD

L’Interview de Patrice Ebah, Coordinateur du réseau Activité Minière Responsable et Développement Durable à l’IRD

En amont du Forum Mining On Top Africa (MOTA) qui se déroulera les 12 et 13 juillet à Paris au Westin Paris Vendôme, Patrice Ebah, chargé de mission innovation à l’IRD, animateur du Réseau Activité Minière Responsable et Développement Durable (AMR2D) du Programme ACE Partner, et spécialiste en Mines et développement des territoires, partage sa vision de la déclaration de Niamey et des enjeux miniers en Afrique.

Patrice Ebah interviendra lors du MOTA dans le cadre d’un panel portant sur l’innovation française et le secteur minier africain.

Quels sont pour vous les grands enjeux du secteur minier en Afrique ?

Le développement de l’activité minière artisanale et semi-industrielle de l’or au sein des pays représentés (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Mali, Niger, Sénégal) est sans précédent. Cette exploitation artisanale et semi-industrielle adresse de nombreux enjeux de développement : lutte contre la pauvreté – ODD1, travail décent et croissance économique – ODD 8, production et consommation responsable – ODD 12, protection de la faune et de la flore terrestre – ODD 15, etc.

Environ 6 millions de personnes sont impliquées et ce nombre progresse. Des tensions sociales et des impacts environnementaux en résultent. Il convient de mieux comprendre afin d’y apporter des solutions durables de maîtrise construites et acceptées par l’ensemble des acteurs.

Le réseau Mines durable, mobilise les acteurs académiques, publics, privés et membres de la société civile pour mener une réflexion collective et porteuse d’impacts réels. L’ensemble des acteurs se sont réunis pour la première fois à l’échelle de toute l’Afrique de l’Ouest à Niamey, du 7 au 11 juin 2021, dans le cadre de l’atelier ACE Partner sur « les approches multi-échelles des impacts de l’exploitation artisanale et industrielle de l’or en Afrique de l’Ouest ». Ils ont échangé sur des problématiques, des méthodologies et des perspectives de recherche permettant de mener une activité minière responsable pour un développement durable et des conditions nécessaires pour s’inscrire dans cette trajectoire. Ces rencontres historiques ont permis la co rédaction d’un document fondateur La Déclaration de Niamey 2021, qui pose les jalons d’une évolution des pratiques et des politiques pour une activité minière responsable.

Quels sont les points saillants de la déclaration de Niamey ?

La Déclaration de Niamey 2021 a été officiellement signée par des administrations publiques en charge des mines des pays, des représentants d’organisation sous-régionales, notamment par l’UEMOA, et par des acteurs industriels à différentes échelles.

La mise en place de cette Déclaration a aussi permis au réseau de mener un dialogue et un plaidoyer constructif autour de la motion 67 du sommet UICN relatif à la réduction de l’impact de l’industrie minière sur la biodiversité, seule motion soumise à discussion durant l’événement.

Plus largement, cette Déclaration a permis de mettre en place un cadre de dialogue continu avec les acteurs académiques, publics, privés, à l’occasion des événements dédiés aux mines dans la région ouest africaine. Nous pouvons citer, par exemple, le salon international de la CEDEAO sur les mines et le pétrole qui s’est tenu à Niamey en février 2022. Sur 18 recommandations issues de cet événement minier, 6 sont issues des deux sessions portées par le réseau Mines Durables, et sur la mise en place d’un partenariat de confiance pour une activité minière responsable et la question de la recherche scientifique comme moteur de développement minier responsable.

Elle a conduit à la mise en place d’accords-cadres entre les institutions académiques et les opérateurs miniers comme celui entre les centres et les groupements des opérateurs miniers à petite échelle.

La signature de la déclaration par la S.E.Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation de la République de Guinée, Dr. Diaka Sidibe, a permis d’engager les institutions sous-tutelle dans le processus de développement responsable de l’activité minière en Guinée.

Au niveau international, la Déclaration de Niamey a aussi été présentée lors du 1er colloque international Mining the Connections, qui a eu lieu au Canada, en 2022.

Le dialogue continue pour la multiplication de ces accords à l’échelle des pays.

Qu’attendez vous des acteurs signataires de la Charte ?

La signature de cette déclaration est un acte individuel ou institutionnel. En la signant, les acteurs s’engagent à œuvrer pour la réalisation des recommandations de la déclaration et à mener le dialogue multi acteurs pour accompagner l’activité minière responsable vers sa modernisation. Ils s’engagent aussi à mener des plaidoyers pour formaliser et suivre les indicateurs adaptés pour le suivi d’une activité minière responsable adaptée en Afrique de l’ouest.

Enfin, ils devront favoriser l’implication des acteurs académiques notamment les Centres d’Excellence africains partenaires académiques périphériques dans l’élaboration, l’opérationnalisation et le suivi des politiques minières des Etats et à l’échelle régionale.

Pour accéder à la Déclaration de Niamey 2021 : https://drive.google.com/file/d/1gN4NcgK-6f4FrimkJrTF4-d5DHoWT6PB/view

 

Biographie de Patrice Ebah

Juriste, consultant et spécialiste en Mines et développement des territoires.
Patrice EBAH cumule plus de 5 ans d’expériences dans le secteur minier. Chargé de mission innovation à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), il assure l’animation du Réseau Activité Minière Responsable et Développement Durable (AMR2D) du Programme ACE Partner.

Il est titulaire d’un master en droit public fondamental option environnement et industries extractives à l’Université Jean Lorougnon Guédé (Cote d’Ivoire) après une licence en droit public. Il détient également une certification en droit pénal International, Droit International Humanitaire et Justice Transitionnelle à l’École de Maintien de la PAIX de Bamako. De plus, il est certifié en modélisation partage de la rente minière et en maîtrise des enjeux de la politique fiscale dans le secteur extractif à l’Institut des Hautes Études du Développement Durable (IHEDD). Il est cofondateur et chargé de coopération et relations internationales de l’ONG Agir pour l’Environnement dans les Industries Extractives (AEIE), ONG de droit ivoirien.

Présentation du projet ACE Partner

Fruit d’une collaboration institutionnelle entre la Banque Mondiale, l’Association des Universités Africaines (AUA), l’Agence Française de Développement (AFD), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’INRIA, le projet ACE Partner favorise le rayonnement et la durabilité de réseaux thématiques de recherche composés des Centres d’Excellence africains mobilisés autour des problématiques nationales et régionales de développement en Afrique de l’Ouest.

ACE Partner soutient 4 réseaux thématiques regroupant 23 Centres d’Excellence africains dans 8 pays : Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin, Ghana, Niger, Nigéria, Guinée, Burkina Faso :

-NET WATER : Sustainable water management

-RAMR2D : Responsible Mining and Sustainable Development network

-DSTN : Digital science and technology network

-WANIDA : West African Network of Infectious Diseases ACEs

Ces réseaux favorisent les collaborations en matière de formation, de recherche collaborative et de renforcement des capacités entre les CEA sur des thématiques communes. Ils participent à l’essor d’une science d’excellence panafricaine au service du développement durable, et d’une offre d’enseignement supérieur mutualisée et adaptée aux besoins d’expertise locale, et mobilisent une communauté de connaissance en lien avec les secteurs socio-économique.

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