Entretien avec le Dr Eric ADJA à l’occasion du WASS

Entretien avec le Dr Eric ADJA à l’occasion du WASS

Né en Côte d’Ivoire et de nationalité béninoise, Dr. Eric ADJA préside depuis novembre 2019, l’Agence francophone pour l’intelligence artificielle (AFRIA), une fondation internationale basée à Genève (Suisse) en charge de la promotion des technologies du numérique et de l’intelligence artificielle au service du développement durable en Afrique. Auparavant, Dr. ADJA a travaillé au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) de 2014 à 2019, successivement en qualité de Directeur de la Francophonie numérique, Directeur Adjoint de la Francophonie économique et numérique et Directeur du Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest à Lomé .Il a en outre contribué à la mise en place et/ou à la coordination de plusieurs projets innovants, notamment le Fonds Francophone pour l’innovation numérique (FFIN), la Plateforme de financement participatif des jeunes francophones (Finance Ensemble), l’incubateur de projets d’économie sociale et solidaire au sein du Bureau Régional de l’OIF à Lomé. Outre ses fonctions actuelles, Monsieur ADJA a également occupé les fonctions de Directeur de l’ONG internationale Innovations et Réseaux pour le Développement (IRED) à Genève, Conseiller du Président de la République du Bénin, Professeur Assistant à l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin) et Directeur général par intérim de l’Observatoire international des transferts de fonds des migrants (OITFM), une institution rattachée au Bureau mondial de coordination des pays les moins avancés (PMA) auprès des Nations Unies à New-York.

Africa Mutandi : Le World Africa Startups Summit (WASS), dans lequel vous intervenez, est l’occasion de vous demander : comment articulez-vous votre vision et vos activités avec la réalisation des Objectifs de Développement Durable en & pour l’Afrique ?

Dr Eric Adja : Dès sa création, l’AFRIA s’est résolument tournée vers l’impact environnemental et sociétal, sur la base de ses valeurs humanistes, inclusives et solidaires. Ainsi, tous les projets que nous développons en direct ou avec des partenaires en Afrique intègrent dès leur genèse la notion d’impact social et environnemental. Ils concourent systématiquement à l’essor de la société civile, sont toujours aux bénéfices des communautés locales, et tiennent compte des objectifs de développement durable. De façon concrète, à travers nos projets de formation et de sensibilisation aux enjeux et défis de l’intelligence artificielle (IA), nous contribuons principalement aux ODD 4 (éducation de qualité), 8 (emploi décents), 9 (innovation) et 10 (réduction des inégalités). Notre participation au World Africa Startups Summit (WASS) cadre bien avec notre mission de sensibiliser le secteur privé francophone africain aux enjeux et opportunités des technologies de l’IA, et de contribuer à mettre en place avec ces jeunes pousses (startups) innovantes, des partenariats au service du développement durable, du continent africain en particulier.

Comment la Covid-19 vous a-t ’elle obligé à vous renouveler dans la mise en œuvre de votre approche des ODD en Afrique ?

La Covid-19 nous a amenés à travailler sur des projets mettant en valeur la contribution de l’IA à la réalisation de l’ODD 3 (accès à la santé). Ainsi, l’Agence a pu lancer en Afrique, précisément au Bénin, avec notre partenaire GSMA (l’association internationale représentant les intérêts de plus de 750 opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile dans plus de 220 pays) et divers partenaires techniques au sein de l’écosystème béninois, un projet visant à développer des outils de mobile big data (MBD) et d’Intelligence Artificielle (IA) afin d’accompagner différents ministères, notamment le ministère de la santé, dans les prises de décisions relatives à la gestion de la crise sanitaire. Ce partenariat permet de mettre à la disposition des équipes des ministères des outils construits à partir des données tierces disponibles, telles que des données agrégées de santé et de démographie, des données anonymisées, des données de géolocalisation (GIS), des enquêtes de population etc. En effet, les expériences antérieures ont montré que les informations sur la mobilité de la population et les outils d’aide à la décision, générés à partir de données de télécommunications anonymisées et agrégées, peuvent aider à lutter contre les épidémies sur le front sanitaire autant social qu’économique, comme cela a été démontré par exemple pour le virus Ebola en Afrique (Orange) et Zika au Brésil (Telefónica).

Quelle valeur à l’ODD17 dans votre approche business en Afrique ?

Selon l’ODD 17, il importe de s’engager en faveur du partenariat et de la coopération pour atteindre les ODD, à travers la cohérence des politiques et l’instauration d’un environnement favorable aux ODD. Notre approche en Afrique se veut orientée vers des actions concrètes et des partenariats contribuant à la réalisation des ODD.  En effet, l’AFRIA s’est donnée pour mission de sensibiliser les pouvoirs publics, le secteur privé, le secteur académique et la société civile francophone en général et africaine en particulier, aux enjeux et opportunités des technologies de l’intelligence artificielle (IA) et d’en faciliter une mise en œuvre maîtrisée au service du développement durable.C’est dans cette optique qu’elle procède depuis sa création à la mise en place de partenariats innovants et de programmes pouvant répondre aux besoins des populations locales, en appui aux politiques publiques locales et aux partenariats internationaux en matière de développement durable, grâce au numérique et à l’intelligence artificielle.

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