“Construire une compétitivité durable en Amérique latine : regards croisés avec l’Afrique”, intervention d’Affectio Mutandi à l’OCDE

“Construire une compétitivité durable en Amérique latine : regards croisés avec l’Afrique”, intervention d’Affectio Mutandi à l’OCDE

“Construire une compétitivité durable en Amérique latine : regards croisés avec l’Afrique”, intervention de Pierre-Samuel Guedj, Président d’Affectio Mutandi, Durabilité, financements à impacts et relations gouvernementales, à l’OCDE le 2 juin lors du EMnet Business Meeting on Latin America & the Caribbean.

Comment concilier développement durable et compétitivité en Amérique latine et dans les Caraïbes, dans un contexte mondial plus incertain que jamais ?

Le monde change à grande vitesse. Et la région latino-américaine, malgré ses potentialités considérables, se trouve à la croisée des chemins. Elle est riche de ses ressources naturelles, de sa biodiversité, de sa jeunesse, mais elle reste aussi confrontée à des défis profonds : inégalités persistantes, dépendance aux matières premières, vulnérabilités climatiques, déficit en infrastructures, entre autres.

1. Une compétitivité à réinventer par le développement durable
Trop souvent, le développement durable est perçu comme un luxe ou une contrainte. Or, en réalité, il représente l’un des leviers les plus puissants pour réinventer notre compétitivité.
Intégrer les critères ESG, du reporting à la notation, facteurs de confiance, investir dans des infrastructures vertes, développer des modèles économiques circulaires et inclusifs, favoriser une gouvernance éthique — ce n’est pas un supplément d’âme. C’est une manière de réduire les risques, d’attirer les capitaux responsables, de conquérir de nouveaux marchés et de renforcer la résilience économique.
Dans des pays comme le Chili, la Colombie, le Costa Rica ou l’Uruguay, des initiatives pionnières en matière d’énergie propre, d’agriculture durable ou de financement vert montrent que cette transition est déjà en cours. Mais elle doit s’accélérer, s’élargir, et surtout s’ancrer dans une vision systémique et une approche territoriale, continentale.

2. Des défis communs, des solutions croisées : ce que l’Afrique nous inspire
Dans cette démarche, l’Afrique n’est pas un contrepoint, mais un miroir et une source d’inspiration. Car elle partage avec l’Amérique latine de nombreuses réalités : forte informalité, pressions climatiques, exigences de transformation des modèles extractifs. Et pourtant, elle fait émerger des solutions originales, souvent en avance sur le terrain de l’innovation inclusive.
Pensons aux financements hybrides mobilisés par la Banque africaine de développement ou Africa50 pour déployer des infrastructures résilientes. Pensons aux startups africaines qui utilisent des technologies frugales pour électrifier des villages, faciliter l’accès à la santé ou gérer les déchets. Pensons à l’intégration croissante des critères ESG dans les marchés financiers régionaux.
Pensons à l’intégration juridique unique que représente l’Organisation Africaine du Droits des Affaires, au bénéfice des tissus économiques africains, et de la RSE dans les affaires.
Pensons au développement de PME et de chaines de valeur durables telles que financées par l’Union européenne.
Pensons au potentiel des SDG Bond comme celui porté par le Bénin, sur-souscrit trois fois.

Ces approches africaines ne sont pas à copier, bien sûr, mais à étudier, à adapter et à dialoguer. Elles nous rappellent que face aux limites des modèles hérités, il est possible d’inventer un développement ancré dans nos réalités, nos ressources, et nos aspirations propres.

3. Une ambition partagée pour les infrastructures durables
Les infrastructures durables sont au cœur de cette nouvelle compétitivité. Elles conditionnent la capacité à exporter, à intégrer les territoires, à développer les industries vertes. Et pourtant, le déficit d’investissement reste criant en Amérique latine.

Il nous faut repenser le financement de ces infrastructures : en mobilisant la finance verte, avec l’appui notamment de l’Europe via le programme Global Gateway, en construisant des partenariats public-privé responsables, en intégrant les communautés locales dès la conception des projets. Sur ce point, les plateformes africaines comme l’Infrastructure Consortium for Africa ou les programmes de la ZLECAf peuvent alimenter une réflexion sur la coordination régionale et la structuration d’un pipeline de projets bancables.

Pour conclure, il est temps de développer une diplomatie de la durabilité Sud-Sud
Il est temps pour l’Amérique latine de se positionner, non pas en réplique de modèles venus d’ailleurs, mais en acteur d’un nouveau récit global, porté par le Sud, où durabilité et compétitivité avancent de concert.

En tissant des ponts avec l’Afrique, en comparant les trajectoires, en coopérant sur les standards, sur les technologies, sur les financements, une diplomatie économique et climatique Sud-Sud ambitieuse et influente peut être développée.

Ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Et c’est une promesse qui peut se concrétiser ensemble.

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