
Interview de Fadima Kane de l’ESP, dans le cadre de BIG de BPI France
Quelle est votre vision des besoins d’accompagnement des entreprises africaines ?
Notre vision est ambitieuse. Nous aspirons à accompagner la croissance de plus d’un million d’entrepreneurs d’ici dix ans.
Notre conviction profonde est double : Premièrement, l’Afrique regorge de potentiel et d’entrepreneurs capable de transformer ce potentiel en profit et en richesse partagée. Deuxièmement, les entrepreneurs africains ont des besoins d’accompagnement spécifiques qui requièrent une approche adaptée et ancrée dans la durée.
Notre approche repose sur une méthodologie propriétaire de ESP, le Capital IntelligentTM. Elle traduit notre conviction profonde que pour se développer les entrepreneurs ont besoin d’avoir accès à la bonne combinaison d’assistance technique et d’accès au financement adéquat. Par assistance technique, nous entendons une approche pratique adaptée selon les besoins de chaque entrepreneur et mêlant expertise technique, renforcement des soft skills et mise en relation. Concernant le financement, il en existe une variété allant de la subvention à la dette en passant par le quasi equity, et selon le stade de développement de l’entrepreneur et le type de besoin de financement, une solution conviendra mieux qu’une autre. Ces deux aspects doivent être actionnés conjointement et en lien l’une avec l’autre pour des résultats optimaux.
Quel ecosystème vous semble le plus particulièrement pertinent ?
Pour le développement des entrepreneurs, il faut construire des écosystèmes intégrés dans lesquels les rôles et responsabilités sont clairement définis et régulièrement évalués de manière rigoureuse et transparente. De manière très sommaire, cela englobe :
- Les pouvoir publics ont un rôle clé en matière de facilitation d’accès aux infrastructures et ressources clés (électricité, internet, compétences clés, etc.), de cadre législatif et fiscal favorable ;
- Les partenaires privés sont critiques pour faciliter l’accès aux intrants et au marché en amont de la chaine de valeur ;
- Les acteurs du secteur des services financiers doivent innover pour apporter des solutions de financement pertinentes selon le type d’entrepreneurs ;
- Les structures d’accompagnements-BDS providers doivent identifier leurs complémentarités et œuvrer ensemble pour couvrir l’ensemble de la palette d’entrepreneurs (de porteurs d’idées à PME) et créer des synergies et des effets de levier entre leurs différentes interventions pour maximiser l’impact ;
- Les partenaires techniques et financiers traditionnels et non traditionnels doivent s’adapter aux réalités des écosystèmes dans lesquels ils opèrent et aux besoins réels des entrepreneurs en privilégiant l’impact plutôt que la quantité.
Comment accompagnez vous les jeunes entreprises africaines ?
Notre pratique Insights, qui mène de nombreuses études terrain, nous permet d’entendre la voix des écosystèmes dans lesquels nous évoluons et de comprendre les réalités et besoins des entrepreneurs locaux. A partir de là, nous définissons et mettons en œuvre des programmes adaptés visant à répondre à ces besoins, avec des partenaires incluant USAID, USADF, la Fondation MasterCard, le Royaume des Pays Bas, Enabel ou Okoume Capital filiale du FGIS. Ces programmes s’appuient toujours sur l’approche Capital IntelligentTM propre à ESP, et sur une approche concrète et pragmatique pour un impact réel sur le chiffre d’affaires, l’emploi et l’inclusion.
Aujourd’hui, ESPartners a développé et met en œuvre 7 programmes d’accompagnement d’entrepreneurs couvrant 9 pays sur le continent, et allant du porteur d’idée à des PME ayant dépassé le million d’euros en chiffre d’affaires annuels. C’est ainsi environ 400 entrepreneurs accompagnés par ESP et plus de 3 millions d’euros alloués directement à ces entrepreneurs par an, au travers de différents produits financiers.