Michèle Sabban, fondatrice de Regions of Climate Action (R20) s’exprime à l’approche de la COP26

Michèle Sabban, fondatrice de Regions of Climate Action (R20) s’exprime à l’approche de la COP26

À l’approche de la COP 26, quelles sont les ambitions de R20 Regions of Climate Actions pour cette COP ? 

J’aimerais avant tout commencer cette interview en vous expliquant très rapidement ce qui m’a donné l’envie de créer notre ONG, le R20 – Regions of climate action, car cela répondra indirectement à votre question.

En 2008, durant la Conférence de Copenhague pour le Climat (COP15), j’ai entendu le Premier Ministre des Maldives nous alerter sur le fait que son prochain conseil des ministres se tiendrait sous l’eau. Cette déclaration, associée à la mise à l’écart des débats des acteurs de la société civile et acteurs locaux, a déclenché en moi une prise de conscience et j’ai pensé que devant l’échec des gouvernements, les territoires allaient devenir des acteurs incontournables de la lutte contre le changement climatique. C’est ainsi que sous l’impulsion de l’ancien Gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, le R20 est né.

Aujourd’hui, en 2021, et ce malgré le succès de la COP 21, les COPs s’enchainent et se ressemblent. Le dernier rapport du GIEC sur le climat est alarmant et ces conférences ne sont plus aussi constructives qu’elles n’ont pu l’être. La société civile et les territoires doivent rester impliqués dans les débats et continuer de soutenir les nombreuses initiatives qui se déploient grâce aux énergies positives de chacun.

Cependant, j’ai pris la décision personnelle, de ne pas me rendre à la COP 26 de Glasgow car ce sont des milliards d’euros qui sont dépensés pour l’organisation de ces événements qui pourraient être redirigés pour financer des projets de terrain.

La pandémie du COVID19, nous a appris que nous pouvions travailler et échanger à distance de manière constructive. Je préfère donc que le R20 concentre son action sur le financement de ces projets, plutôt que sur sa présence physique à la COP.

Vous attendez-vous à des engagements spécifiques lors de la COP26 pour le continent africain afin d’y rendre la transition environnementale effective ? 

 En 2020, les différents pays d’Afrique devaient présenter des plans de réduction de leurs émissions carbone important afin d’atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat.

Nous savons tous aujourd’hui, que l’Afrique subit, au niveau climatique, l’impact du développement des pays du Nord. Néanmoins, les pays d’Afrique, ne doivent pas rester en marge du progrès et ils sont des acteurs incontournables de la transition énergétique en maintenant notamment leur faible niveau d’émission et en fournissant d’avantage de détails sur leur politique environnementale.

Aussi, la question du financement pour l’Afrique doit être au cœur des négociations et l’aide publique au développement ne doit pas se confondre avec l’aide internationale à la lutte contre le changement climatique. Je souhaite donc que de vraies propositions de financement soient proposées et mises en œuvre pour l’Afrique au sortir de la COP de Glasgow.

Comment accompagnez-vous vos projets, et notamment les femmes avec lesquelles vous travaillez sur le continent africain ?

En 2017, nous avons créé un Fonds Vert R20 pour les Femmes dans le but de faciliter l’accès des femmes aux emplois verts, aux ressources naturelles, aux technologies de production d’énergie propre, à une meilleure alimentation, et à la sécurité hydrique et énergétique.

Les projets que nous soutenons, répondent toujours à trois enjeux fondamentaux : l’écologie, l’éducation et l’économie. Je vais illustrer mon propos avec un exemple de projet très concret, qui nous tient à cœur et sur lequel nous travaillons depuis plusieurs années. Vous n’êtes pas sans savoir que beaucoup de très jeunes filles en Afrique font face à un souci d’accès à l’éducation et parfois se retrouvent violentées ou livrées à elles-mêmes dans les rues. Nous avons saisi l’importance de ce problème et nous avons l’intention de former une centaine de jeunes femmes sorties du système scolaire à devenir des institutrices pour le climat. L’objectif est qu’elles puissent au terme d’une formation spécialisée, aller dans les villages et les écoles pour expliquer ce qu’est le changement climatique aux plus jeunes. En s’appuyant sur leur dialecte et leur culture, elles feront mieux passer les messages et retrouveront leur dignité tout en étant utiles à leurs communautés.

Nous agissons également en collaborant avec d’autres Fondations sur des appels à projets. Par exemple, avec la Fondation France Libertés, nous avons décidé il y a plusieurs mois de soutenir des associations de terrain, sur des projets concernant la protection de l’équilibre des cycles de l’eau. L’objectif est, par le biais de l’action des femmes, de rendre l’eau à la terre pour améliorer l’environnement, protéger le climat et garantir le mode de vie des communautés.

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