En amont du webinaire Mines & Climat, Hélène Piaget, PDG de la Responsible Mining Foundation s’exprime sur ces enjeux

Quels sont les enjeux du secteur extractif sur les questions de Climat ?

Une grande partie du débat aujourd’hui se focalise sur les émissions de gaz à effet de serre générées par le secteur minier, in situ, au niveau des sites miniers (Scope 1 et 2). Mais ces émissions sont déjà minimes. La grande majorité des émissions dans le secteur minier se produisent en amont et en aval (Scope 3) : pour la fabrication et la mise en service des infrastructures et des engins, la fabrication et le traitement des produits chimiques, la concentration du minerai, le transport, et toutes les activités externalisées. Il est donc urgent que les gouvernements et les entreprises prennent des engagements chiffrés et ambitieux vis-à-vis de ce « Scope 3 » d’émissions afin de vraiment réduire l’empreinte carbone du secteur.

Deuxièmement, il faut absolument prendre en considération tous les impacts socio-économiques et environnementaux lié au secteur, pas seulement les gaz à effet de serre. Car malheureusement les changements climatiques exacerbent ces impacts sur l’environnement, les collectivités locales et les travailleur·ses : raréfaction de l’eau potable, perte de biodiversité, déforestation, instabilité des parcs à résidus, chaleur extrême, etc…. Voilà pourquoi une exploitation minière responsable est plus nécessaire que jamais.

Comment le secteur aborde la question de la transition environnementale et énergétique ?

La grande majorité des entreprises se focalisent actuellement sur les émissions de Scope 1 et 2. La plupart des projections économiques s’accordent sur une augmentation considérable de la demande en métaux et minéraux pour assurer une transition vers des sources d’énergies bas-carbone. Mais un engouement aveugle risque de ralentir la prise en compte des impacts négatifs actuels et futurs du secteur extractif si les entreprises, les investisseurs et les gouvernements ne se penchent pas sérieusement sur l’identification et la gestion de ces impacts.

Des recherches récentes menées par RMF révèlent que 63% des grandes entreprises minières évaluées n’ont pas identifié et documenté les risques supplémentaires créés par le changement climatique qui vont venir s’ajouter aux impacts déjà ressentis par les communautés, les travailleur·ses ou l’environnement. Et aucune des entreprises ne peut démontrer avoir pris en compte l’ensemble de ces trois dimensions.

Quelles peuvent être les contributions et impacts complémentaires de cette transition à la réalisation des ODDs ?

L’extraction primaire de certaines matières premières reste nécessaire pour soutenir le développement économique et la réalisation des ODDs. Rappelons également que l’exploitation minière est le premier maillon de la plupart des chaînes de valeur mondiales, et préconditionne la viabilité de presque tous les secteurs d’activité. Cependant, les régions riches en mines sont déjà les plus vulnérables aux conséquences du changement climatique : stress hydrique, chaleur, déforestation, biodiversité, conflits, etc…

Les résultats préliminaires de notre rapport RMI Report 2022 indiquent que très peu de progrès ont été réalisés par les grandes entreprises minières sur la plupart des questions liées au climat au cours des deux dernières années. Pour désamorcer ce risque et apporter une contribution positive, les entreprises, les financiers et les gouvernements doivent s’assurer que les impacts miniers sont compris, identifiés et traités en amont. Il est essentiel de prévenir les dommages, plutôt que de recourir systématiquement à des politiques de compensations ou d’offset.

 

Nous vous invitons à vous inscrire pour notre prochain séminaire en ligne le 26 octobre sur la question du changement climatique et du secteur extractif, en collaboration avec CCCMC : https://tinyurl.com/climateminingwebinar

L’interprétation sera disponible en anglais, chinois, français, et espagnol.